HISTOIRE DE WOIPPY - WOIPPYCIENS CELEBRES |
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Nés ou non à Woippy, quelques personnages ont marqué l'histoire de la ville et de la Lorraine :
Marie Rose Marcus est née le 22 octobre 1793 à Metz, rue Sous
Saint-Arnould. Elle est le second enfant de Dominique Marcus, pharmacien rue Pierre
Hardie, et de Jeanne Victoire Bouland. Sa sur aînée, Barbe Julienne, née en 1792,
mourra célibataire en 1843 ; ses frères Charles (1796-1826) et Jean Pierre Auguste
(1800-1837) mourront eux aussi célibataires, comme leur sur Marie Rose : celle-ci,
unique héritière de toute la fortune familiale, mourra le 5 octobre 1855, sans
descendance puisque non mariée elle aussi.
Outre sa pierre tombale au cimetière de Woippy, le nom de Rose Marcus
est visible à deux endroits : sur la plaque de la rue à laquelle en 1925 la commune
donna son nom, et sur l'inscription gravée en 1866 à droite du portail de l'église. Le
nom Marcus, mais avec le prénom de Charles, son frère, accompagné de celui de Caroline
Bouland, sa cousine, est encore visible rue René Paquet, sur une pierre datant de l'an 7
républicaine, scellée au mur d'une maison.
Au printemps 1848, alors que la vieille église du XIVe siècle,
située entre Woippy et Lorry-lès-Metz, tombe peu à peu en ruines (le 5 mars la croix du
clocher s'effondre, provoquant une brèche dans la toiture), commencent les travaux de la
nouvelle église, que Rose Marcus, dont la fortune est immense, a décidé de faire
construire sur un terrain lui appartenant. Elle en a confié le plan à l'architecte
messin Charles Gautiez, et la direction des travaux aux entrepreneurs Emile et Sylvain
Sturel. La première pierre est posée et bénie le 12 juin, lundi de Pentecôte. Deux ans
plus tard, le 1er mai 1850, la nouvelle église est consacrée en grande pompe par Mgr
Dupont des Loges, évêque de Metz. Construite en pur style ogival, elle apparaît alors
comme l'une des plus belles du Pays messin.
Par acte passé devant notaire le 22 août 1854, Rose Marcus en fait
donation à la commune de Woippy. Elle meurt à Metz le 5 octobre 1855. Elle est enterrée
à Woippy. En reconnaissance de sa donation, la commune accorde à sa tombe une concession
à perpétuité, et y fait graver l'inscription " Les habitants de Woippy
reconnaissants.
(Sur Rose Marcus et l'histoire de la nouvelle église de Woippy, voir Les Chroniques du Graoully, n° 10, novembre 2000, spécial 150e anniversaire de l'église de Woippy)
La nouvelle église de Woippy (gravure de Bellevoye)
On devine à gauche le clocher de l'ancienne église
Emile Armand GIBON (1813-1870) |
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Emile Armand Gibon est né à Quimper le 15 septembre 1813. Il est le
fils de Jean Gibon, major au 37e régiment d'infanterie légère (alors en campagne),
chevalier de l'Empire et membre de la Légion d'honneur, et de Théodore Eléonore
Wilhelmine Philippine Hélène Henriette Frédérique De Pestel (ou Depestel), née à
Hamm dans le royaume de Westphalie.
Le 4 novembre 1831, il s'engage au 41e régiment d'infanterie de ligne
à Brest. Caporal le 11 mai 1832, il participe avec son unité à l'intervention
française en Belgique, décidée à la suite de l'invasion hollandaise, qui s'achève par
la capitulation d'Anvers le 23 décembre 1832. Sergent major le 11 février 1834, adjudant
le 25 mars 1835, il devient sous-lieutenant le 25 avril 1836.
Le 24 septembre 1839, Gibon part pour
l'Algérie, où il séjourne jusqu'au mois d'avril 1854. Durant ces quinze années
passées en Afrique du Nord, il s'affirme comme un soldat courageux et intrépide, quelque
peu baroudeur. Le 27 décembre 1840, il est promu lieutenant, avant d'être affecté deux
ans plus tard au bataillon de Tirailleurs indigènes d'Oran. Durant l'hiver 1841-1842, il
se fait remarquer à plusieurs reprises pendant la campagne de Mascara, à tel point que
ses supérieurs font appel à lui pour des coups de main de nuit. En 1845, son activité
et sa bravoure dans les razzias (notamment dans la région du Dhara) lui font obtenir la
Légion d'honneur (20 août) et, moins d'un an plus tard, le grade de capitaine. Le 29 mai
1849, il est nommé commandant supérieur du cercle de Sebdou. Le 1er décembre 1853,
E.-A. Gibon devient capitaine adjudant major.
Le 27 mars suivant, la France et l'Angleterre déclarent la guerre à
la Russie. Les Tirailleurs Algériens rejoignent l'armée d'Orient pour combattre en
Crimée. Il prend part à la bataille de l'Alma (20 septembre 1854), est promu chef de
bataillon le 9 février 1855, et s'illustre durant le siège de Sébastopol. Dans la nuit
du 14 au 15 mars, alors que les grenadiers du capitaine Champanche (du 100e régiment de
ligne) sont menacés par les Russes qui viennent de faire une sortie, il se jette à la
tête de trois compagnies de tirailleurs, met l'ennemi en déroute et le repousse dans
Sébastopol ; sa bravoure lui vaut d'être cité à l'ordre général de l'armée d'Orient
et d'être fait officier de la Légion d'honneur. Il obtient une seconde citation le 15
juin pour son courage lors de la prise du Mamelon vert, opération au cours de laquelle il
est blessé d'un coup de feu dans la poitrine.
Du 29 novembre 1855 au 22 avril 1859, le futur héros de Ladonchamps
revient en Algérie, où il a déjà séjourné quinze ans. Les rapports de ses
supérieurs pour les années 1857 et 1858 sont élogieux : " Brave et digne officier,
écrit le général Renault, d'un caractère honorable, beaux services de guerre, connaît
le métier et l'applique avec intelligence. S'est montré comme par le passé très
vigoureux dans la dernière expédition de Kabylie ", qualités que confirme quelques
mois plus tard le général d'Huguet : " Intrépide soldat, officier supérieur
capable, intelligent, énergique, ... commande bien les troupes sous ses ordres ".
Qualités que Gibon démontre une nouvelle fois durant la campagne d'Italie, qu'il
effectue du 23 avril au 4 août 1859. Chef de bataillon au régiment provisoire de
Tirailleurs algériens, il participe à la bataille de Magenta le 4 juin 1859 (il est
blessé d'un coup de feu à la jambe gauche et a son cheval tué sous lui). Le 18, il est
nommé lieutenant-colonel au 70e régiment d'infanterie, et le 24, à Solférino, remplace
le colonel Douay dans le commandement de la brigade. Le lendemain de la victoire, il
retrouve le régiment provisoire de Tirailleurs.
A l'issue de la campagne d'Italie, à sa demande, le maréchal de
Mac-Mahon le propose pour entrer dans la Garde impériale, bien que le nouveau règlement
exige deux ans d'ancienneté dans le grade. Le rapport d'inspection nécessaire à son
admission, daté du 1er novembre 1859, fait état des nombreuses qualités militaires
d'Emile Armand Gibon : " Nature très forte et vigoureuse, écrit le colonel Butet,
ne laisse rien à désirer pour la conduite, les principes et la tenue. Capable de
commander un régiment et surtout des indigènes dont il est aimé et estimé par la
manière d'être et de faire ". Et le général de division de la Motterouge,
inspecteur général, de surenchérir : " Officier supérieur très énergique, plein
d'élan devant l'ennemi, très estimé et très apprécié au régiment de tirailleurs,
dont il connaît les usages et la langue. Proposé pour un des régiments d'infa nterie de
la garde impériale en raison de ses longs et bons services de guerre, notamment dans la
dernière campagne. A tous les titres pour être placé dans un de ces corps d'élite
". Le 25 janvier 1860, Gibon est nommé lieutenant-colonel au 1er régiment de
grenadiers de la Garde impériale, grade et affectation qu'il conserve durant trois ans.
Entre temps, le 7 janvier 1860, il épouse à la mairie du 7e arrondissement Hélène Ord,
âgée de vingt ans... il en a 46. Le 14 mars 1863, il est nommé colonel au 25e
régiment d'infanterie de ligne, unité qui sera désormais la sienne jusqu'à la bataille
de Ladonchamps et à sa mort.
Le 19 juillet 1870, lorsque
la France déclare la guerre à la Prusse, le colonel Gibon est un officier reconnu pour
ses qualités militaires et ses aptitudes au commandement sur le terrain. La bravoure dont
il a fait preuve tant en Algérie qu'en Crimée et en Italie laisse à penser qu'il fera
avec le même panache, à la tête du 25e régiment, la guerre qui commence. Il se
distingue le 16 août à Rezonville, le 18 à Saint-Privat, puis occupe avec ses hommes le
village de Woippy (son Q.G. est au Rucher, la propriété de la famille de René Paquet).
C'est là qu'il apprend sa nomination au grade de général de brigade, en remplacement du
général Marguenat, tué à Rezonville. Le 2 octobre, il s'empare du château de
Ladonchamps, qui devient le point extrême des positions françaises au nord de Metz. Le
7, lorsque le 6e corps de Canrobert procède à l'opération de fourrage dans les fermes
au nord de Woippy qu'a ordonnée Bazaine, la brigade Gibon est chargée d'occuper le bois
de Woippy et de déboucher sur la ferme Sainte-Anne, près de Bellevue. Au prix
d'héroïques efforts, Gibon s'empare de la ferme, mais il est atteint d'une balle entre
l'épaule gauche et le cou. Transporté au Rucher, il agonise durant dix jours, et meurt
le 19 octobre. Ses obsèques ont lieu le même jour au cimetière de Woippy, en présence
du maréchal Canrobert. Depuis 1929, une rue de Woippy porte le nom du général Gibon, au
débouché de laquelle se trouve un stade de football, le stade Gibon.
Emile Henderson (1835-1901) |
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Emile Ambroise Henderson voit le jour à Woippy, à la Maison Neuve, le
28 mars 1835. Il est le fils de John Francis Henderson et d'Agathe Charlotte Françoise
Willaume, qui se sont mariés à Metz le 30 octobre 1833. Son père, né à Edimbourg le
23 avril 1798 d'un baronet écossais, est, selon l'acte de mariage " négociant à la
Maison Neuve ", et plus précisément, si l'on en croit l'annonce publiée à la
mairie de Woippy et l'acte de naissance du futur colonel, " brasseur à la Maison
Neuve ". La brasserie appartenait alors, et depuis 1830, à Charles Antoine Dousset,
qui, marié à Marie Françoise Henderson, était le beau-frère de John Henderson. La
brasserie, dénommée Brasserie anglaise, sera vendue en 1841. La mère d'Emile Henderson,
née à Fontainebleau le 29 mai 1804, est la fille du docteur Ambroise Willaume, qui fut
sous l'Empire chirurgien principal du 6e corps de la Grande Armée avant de d'être nommé
chirurgien en chef de l'hôpital militaire de Metz et devenir président de la Société
des sciences médicales de la Moselle, lien familial qui fait d'Emile Henderson le petit
cousin du compositeur messin Ambroise Thomas.
A une date que nous ignorons, mais sans doute durant les années 1840,
la famille Henderson part s'établir à Nancy, où l'ancien brasseur anglais est devenu
professeur de langues au lycée de la ville. En 1854, le jeune Emile Henderson, qui vient
d'obtenir son baccalauréat ès sciences, souhaite entrer, bien que non encore français,
à l'Ecole spéciale militaire de Saint-Cyr. Un jugement du tribunal de première instance
de la Seine l'ayant autorisé, le 17 mai, à se présenter aux examens d'entrée malgré
l'avis du préfet de la Meurthe, Emile Henderson entre à Saint-Cyr le 12 novembre.
Elève-caporal le 1er septembre 1855, sergent le 12 avril 1856, il sort de l'école le 1er
octobre suivant, classé 19e sur 416, avec le grade de sous-lieutenant, et se trouve
affecté au 60e régiment d'infanterie de ligne. Le 21 août 1856, alors qu'il vient
d'atteindre la majorité, il sollicite à la mairie de Sens (où son père a élu
domicile) et obtient enfin la nationalité française.
Si son dossier personnel nous permet de reconstituer le déroulement de
sa carrière militaire, en particulier ses affectations et ses grades successifs, nous
avons très peu d'informations sur les campagnes auxquelles il participe avant 1870,
c'est-à-dire l'Italie et, à deux reprises, l'Algérie. Les archives du château de
Vincennes sont souvent de nature plus administratives qu'historiques et, si elles
permettent de suivre une carrière, laissent parfois l'historien sur sa faim, et le
réduisent souvent à n'aligner que des dates et des numéros de régiment. Sur son aspect
physique nous savons cependant qu'Emile Henderson était d'assez petite taille (1m 66) -
mais à l'époque les hommes étaient moins grands en moyenne qu'aujourd'hui -, de bonne
constitution et de santé solide, mais qu'il était atteint de myopie (il perdra plus tard
l'usage de son il droit). Son dossier nous révèle par ailleurs " un
caractère excellent, une éducation parfaite, une intelligence ouverte, un jugement
droit, une moralité et une conduite parfaites ". Il a des notions d'allemand, et,
évidemment, " parle, lit et comprend passablement l'anglais ".
Le 1er janvier 1857, Emile Henderson entre à l'Ecole d'application
d'Etat-major, où il se classe 16e sur 24 élèves. Deux ans plus tard, le 19 janvier
1859, il est promu lieutenant au corps d'Etat-major, immédiatement affecté comme
stagiaire au 26e régiment d'infanterie de ligne. Le 20 mai suivant, il part avec son
unité pour l'armée d'Italie, et participe à la campagne contre l'Autriche jusqu'au 9
juin 1860. Nous pouvons supposer qu'il fut à Magenta et à Solférino (juin 1859), en
tout cas il recevra plus tard la médaille d'Italie. Quelques mois après son retour, il
est nommé stagiaire d'état-major au 1er régiment de chasseurs, le 24 janvier 1861. Un
mois plus tard, il embarque pour l'Algérie, où il séjourne jusqu'au 28 septembre.
Le 29 mars 1862, toujours en tant que stagiaire d'état-major, le
lieutenant Henderson est affecté au régiment de chasseurs de la Garde impériale. Un an
plus tard, il est nommé à l'état-major de la 4e division, et le 3 septembre 1863 est
promu capitaine d'état-major de deuxième classe. Aide de camp du général de Liniers le
5 avril 1864, il devient celui du général Margueritte le 21 février 1867, et désormais
son destin va être lié, durant trois ans, à celui qui commande les chasseurs d'Afrique.
Il le suit d'abord en Algérie, du 9 mars 1867 au 26 juillet 1870, où Margueritte
commande la subdivision d'Alger, avant de regagner la métropole où vient d'éclater la
guerre avec la Prusse.
Le général Margueritte reçoit le commandement d'une brigade de la
division de réserve de cavalerie de l'armée du Rhin (la division du Barail), constituée
par des trois régiments de chasseurs d'Afrique. Le 12 août, c'est l'affaire de
Pont-à-Mousson, où les chasseurs délogent de la ville une avant-garde prussienne, mais
fait sans conséquence puisque les Prussiens reviennent. La brigade Margueritte s'illustre
le 2 septembre à Sedan, lors de la charge épique et tragique du plateau de Floing et du
cimetière de Tilly. Le capitaine Henderson est à ses côtés, ainsi que l'officier
d'ordonnance Révérony (lieutenant au 1er régiment de chasseurs d'Afrique), lorsque le
général Margueritte, parti avec eux en avant pour reconnaître le terrain, est
grièvement blessé par une balle ennemie qui lui traverse les deux joues et lui arrache
une partie de la langue. Les deux hommes ramènent le général dans les lignes
françaises sous une grêle de balles. Fait prisonnier par les Prussiens, le capitaine
Henderson est autorisé, sous la condition de ne pas porter les armes contre l'Allemagne
pendant la durée de la guerre, à accompagner le général Margueritte en Belgique, pour
le soigner. Mais celui-ci meurt une semaine plus tard d'une infection, au château de
Beauraing.
Le 8 octobre 1870, sur les conseils du Ministre de France à Bruxelles,
Henderson se rend à Lille auprès du général commandant la 3e division militaire, qui
le garde provisoirement à son état-major, et écrit au ministre de la Guerre pour être
employé, mais de manière à ne pas manquer à ses engagements. Respectant cette
volonté, le gouvernement décide de mettre le capitaine Henderson à la disposition du
gouverneur général de l'Algérie : pour la troisième fois en moins de dix ans, le jeune
officier traverse la Méditerranée. Il n'y reste que quelques mois, comme attaché à
l'état-major général de l'armée d'Afrique, et participe, sous les ordres du général
Lallemand, à la colonne expéditionnaire de Kabylie. Le 8 juin 1871 il est fait chevalier
de la Légion d'honneur, et le 29 août est nommé à l'état-major de la place de Paris,
avec le grade de capitaine de 1ère classe.
Cette distinction et cette promotion n'empêchent pas la justice
militaire de suivre son cours, car Emile Henderson risque d'être mis en réforme pour
faute contre l'honneur après son attitude de septembre 1870 au lendemain de Sedan. Le 20
novembre 1871, le général Ladmirault, gouverneur de Paris, confie au général de
brigade Fournès une enquête chargée d'examiner son cas. Le 5 décembre, le conseil
d'enquête, composé de cinq membres, se réunit pour entendre le capitaine Henderson :
" Il y a divergence, précise celui-ci, entre ce qui a eu lieu et ce que j'ai écrit
quand je me rendis à l'Etat major prussien ; l'officier auquel j'exposai ma situation me
donna un papier blanc sur lequel j'écrivis seulement que je m'engageais à ne pas servir
contre la Prusse pendant la guerre. Après la mort du général, je restai en Belgique,
attendant le résultat de la conférence de Ferrières.[
] On pourrait réclamer cet
engagement à Berlin ". Explications suffisamment claires et honnêtes pour que, par
quatre voix contre une, le conseil estime que le capitaine Henderson était blanchi de
tout soupçon d'atteinte à l'honneur militaire. Il lui reste une dernière démarche à
faire, celle de l'option pour la nationalité française, qu'il déclare le 7 juin 1872 à
la mairie du 8e arrondissement de Paris.
Jusqu'en 1879, le capitaine Henderson reste employé à l'état-major
de la place de Paris, s'adonnant notamment à des travaux cartographiques sur la forêt de
Montmorency. Travaux appréciés, qui lui valent, le 23 juin 1875, une lettre de
satisfaction du ministre de la Guerre.
Le 30 août 1879, Henderson est promu chef d'escadron, et quelques
jours plus tard est nommé à l'état-major général du 14e corps d'armée à Lyon. Le 23
mars 1880, il passe avec son grade dans l'arme de l'artillerie, et trois ans plus tard, le
16 mars 1883, est nommé comme adjoint à la Direction d'artillerie de Lyon, dont il
devient sous-directeur le 31 janvier 1887. Le 1er juillet suivant il est promu
lieutenant-colonel.
Le 22 décembre de la même année - il a alors 52 ans - Henderson est
placé à la tête de la Section Historique de l'Etat-major général du ministre de la
Guerre, fonction au cours de laquelle il est nommé colonel le 23 mars 1891. Les notes
figurant alors dans son dossier personnel sont tout à fait élogieuses : " Officier
supérieur très instruit et très travailleur, M. le colonel Henderson dirige avec
beaucoup de zèle et de méthode le service qui lui est confié. Essentiellement honnête
et très modeste
" (1892). " Bon et brave officier, très instruit, très
laborieux
Sert très bien, a été très apprécié dans l'artillerie comme dans le
service d'Etat-major ". Eloges qui lui valent, le 10 juillet 1894, d'être fait
commandeur de la Légion d'honneur (il était officier depuis le 9 juillet 1883).
Le 9 février 1895, le colonel Henderson est admis d'office à faire
valoir ses droits à la retraite. Le 23 juillet il est nommé colonel de réserve au 12e
régiment d'artillerie. Il est rayé des cadres le 31 juillet 1900, après 40 ans et
presque 5 mois de service ininterrompu.
Resté célibataire, Emile Henderson meurt au mois de septembre 1901.
Jules Ferdinand Sechehaye (1841-1908) |
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(L'Austrasie, 1913, page 208)
Né à Thionville le 27 septembre 1841, Jules Ferdinand Sechehaye est
le fils de Pierre Eugène Sechehaye (juge d'instruction dans cette ville, juge de paix du
premier canton de Metz et conseiller général de la Moselle) et de Thérèse Emilie de
Mairesse. Après de brillantes études au lycée de Metz, il suit les cours de la Faculté
de droit de Paris et, sa licence obtenue, s'inscrit au barreau de Metz. Mais sa carrière
ne sera pas mosellane, puisque, au gré de ses nominations, il exercera tantôt dans les
Ardennes, tantôt en Meurthe-et-Moselle. D'abord juge suppléant à Sedan (1866-1867), il
est nommé juge puis juge d'instruction à Vouziers. Le 14 février 1871, Jules Ferdinand
Sechehaye est nommé à la même fonction à Briey, où il reste cinq ans, puis, en
janvier 1876, de nouveau à Sedan ; à sa demande, il y redevient simple juge au tribunal
(1881). Trois ans plus tard, il épouse Louise Huet de Guerville, qui lui donnera trois
fils : Jean (1885-1906), Henry (né en 1886, avocat à la Cour d'Appel de Nancy) et Paul
(né en 1893, futur maire de Woippy - Voir ci-après).
Le 2 février 1889, Jules Ferdinand Sechehaye est nommé président du
tribunal de Briey ; sept ans plus tard, le 9 mars 1896, il devient conseiller à la Cour
d'Appel de Nancy : il y reste dix ans, avant de prendre sa retraite en novembre 1906.
C'est là qu'il meurt, le 25 juin 1908.
René Paquet d'Hauteroche (1845-1927) |
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René Paquet d'Hauteroche - qui signera ses ouvrages de l'anagramme Nérée Quépat - est né à Charleville le 29 septembre 1845, de Claude Joseph Henri Paquet (1799-1872), capitaine de frégate, et de Julie Anne Marguerite Boussard d'Hauteroche. C'est peu après sa naissance que ses parents quittent les Ardennes pour s'installer à Metz (rue de l'Esplanade). Quelque temps plus tard, ils achètent à Woippy la propriété du Rucher, ancien manoir du Chapitre de la cathédrale de Metz, et construisent à son emplacement une élégante villa de campagne, réputée pour être l'une des plus belles du Pays messin.
Le Rucher au début du XXe siècle
Le futur historien de Woippy fait ses études au collège
Saint-Clément de Metz, où il remporte plusieurs prix d'histoire et de géographie, de
discours français et de philosophie. Mais c'est le droit qui l'attire, et le jeune René
Paquet se décide tout naturellement pour le barreau. Il part faire son droit à Paris, et
y présente en mai 1869 une thèse de doctorat - Des servitudes établies par le fait de
l'homme - qui lui permet de se faire inscrire à la Cour d'Appel.
En septembre 1870, durant le blocus de Metz, la propriété familiale
devient le quartier général du 25e régiment de ligne et de son chef, le général Emile
Armand Gibon ; blessé lors du combat de Bellevue, celui-ci y meurt le 19 octobre. René
Paquet se retrouve alors à Paris ; lors du siège de la capitale, il s'engage dans les
mobiles de l'Ecole Polytechnique. Dès sa démobilisation, il publie en 1871 son premier
ouvrage : Simples notes prises pendant le siège de Paris.
Mais le juriste se double d'un ornithologue de premier plan, qui se
passionne surtout pour les oiseaux du Pays messin. La même année est publié à Paris Le
chasseur d'alouettes au miroir et au fusil ; deux ans plus tard, il donne une Monographie
du chardonneret, puis L'ornithologie au Salon de peinture de 1876. Plus tard, en 1899, ce
sera L'ornithologie du Val de Metz. Catalogue des oiseaux sédentaires et de passage qui
vivent à l'état sauvage sur le territoire de Woippy et autres localités voisines, avec
notes critiques et dates de la migration et du retour de chaque espèce.
C'est pourtant l'histoire qui va donner à René Paquet une notoriété
nullement usurpée. D'abord passionné par l'histoire et les traditions de Metz et du Pays
messin, il publie en 1878 les Chants populaires messins recueillis dans le Val de Metz en
1877. La même année, il publie l'histoire de son village d'adoption, la célèbre
Histoire du village de Woippy, rehaussée de deux gravures d'Adolphe Nicolas Bellevoye (le
vieux château et la Haute Maison) : un précieux volume que sont fiers de posséder les
bibliophiles, woippyciens en particulier, surtout lorsqu'il porte la signature plus que
séculaire de son auteur. Dans la préface de son ouvrage, René Paquet rend hommage à
Woippy qui a su l'inspirer : " Jusqu'à ce jour, Woippy n'a pas trouvé
d'historien ; c'est, je tiens à le dire, l'attachement profond que j'ai pour cette
localité où se sont écoulées les plus heureuses années de ma vie, qui m'a donné le
courage d'entreprendre, le premier, de reconstituer son passé ".
Deux ans plus tard, en 1880, René Paquet écrit ses Recherches sur la
Grande Thury près Metz. En 1887, après des recherches opiniâtres et assidues, il
récidive en publiant un Dictionnaire biographique de l'ancien département de la Moselle,
contenant toutes les personnes notables de la région, ouvrage de référence et encore
bien souvent consulté par les historiens et les érudits.
Ses diverses publications donnent à René Paquet une notoriété qui
lui vaut d'être accueilli au sein de diverses sociétés savantes : membre titulaire de
la Société d'Histoire Naturelle de la Moselle depuis 1877, il est nommé membre associé
libre de l'Académie de Metz en 1885, avant d'en devenir, en 1899, membre honoraire.
Mais, plus que Messin, il se considère comme Woippycien, et c'est un
personnage généreux, affable et simple qui côtoie les villageois. Elie Fleur écrira de
son ami et collègue : " Très libéral envers l'église de son village, il ne
voulut néanmoins jamais y occuper qu'une place très humble, craignant de paraître poser
pour un modèle ; il pratiquait simplement, franchement. Au sortir de la grand'messe, le
dimanche, il rassemblait parfois autour de lui les enfants et leur distribuait des
dragées. Il savait qu'on le traitait d'original ; loin de s'en offusquer, il soignait au
contraire sa renommée en ce sens et, avec un bon rire, disait de lui-même qu'on
l'appelait en patois lo fou d'Woèppy, mais c'était par sa bonté qu'il voulait justifier
ce vocable irrespectueux ".
A l'approche de la guerre, René Paquet quitte Woippy pour s'installer
à Paris. Il met à profit son séjour parisien pour dépouiller, aux Archives Nationales,
les fonds relatifs à l'histoire de la Révolution à Metz et en Moselle, sujet sur lequel
il travaille depuis de longues années déjà. Oeuvre de longue haleine, qui aboutit en
1926 à la publication, en deux gros volumes, de la Bibliographie analytique de
l'Histoire de Metz pendant la Révolution (1789-1800), véritable somme historique,
indispensable aujourd'hui à tout historien de la Moselle révolutionnaire, et qui
compense plus que partiellement les archives détruites en 1944 dans les casemates du mont
Saint-Quentin.
C'est en tout cas la dernière publication de René Paquet. A la fin de
1926, il se rend à Paris pour y passer l'hiver, selon son habitude. Le 9 mars 1927, il
est victime d'une chute apparemment sans gravité, mais son état de santé s'altère, et
il meurt le 30 avril. Quelques mois plus tard, en hommage à son historien et illustre
concitoyen, la commune de Woippy décide de donner le nom de René Paquet à l'une des
ruelles du village. En décembre 1990 enfin, souhaitant encourager la recherche historique
régionale, la Société d'Histoire de Woippy crée le Prix
René Paquet, récompensant un mémoire de maîtrise, un D.E.A. ou une thèse de
doctorat. Ce prix est remis chaque année au mois de novembre.
(Extrait de " Un chantre du Pays messin : René Paquet d'Hauteroche (1845-1927) ", Le Pays Lorrain, n°1, 1994, pages 62-64, article de Pierre Brasme)
Joseph et Georges Janin (1851-1910 et 1884-1955) |
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Né à Woippy le 13 février 1851, fils de François Janin, tailleur de
pierres à Metz, et d'Anne Gaspard, Joseph Janin a été formé par Laurent Charles
Maréchal, dont il fréquenta l'atelier de 1865 à 1870.
Lors des événements de 1870, il gagne la Belgique et s'engage dans
l'armée du Nord de Faidherbe. A la paix, il continue à se consacrer à la peinture sur
verre, à Lille puis à Arras. Il rentre à Woippy et s'y marie le 18 septembre 1882 avec
Gabrielle Fournier. En 1884, après la naissance de son fils Georges, il s'installe à
Nancy. En 1896, Joseph Janin rachète l'un des plus vieux et des plus importants ateliers
de vitraux de la ville, celui de Victor Höner, dont la production éclectique et
abondante jouit alors d'une certaine renommée. A partir de 1905, son fils Georges, né
lui aussi à Woippy le 24 janvier 1884 et formé aux Beaux Arts de Nancy, travaille à ses
côtés.
En 1905, Joseph Janin réalise pour l'hôtel Bergeret à Nancy (au 24,
rue Lionnois) un vitrail représentant un paon, sujet typiquement " art nouveau
", mais qui déçoit par la faiblesse du dessin et une coloration mal harmonisée.
L'année suivante, le futur Président de la République Raymond Poincaré fait appel à
lui pour la décoration en vitraux de sa résidence d'été à Sampigny. Il réalise
également les verrières de l'église de Sarrebourg et celles de la basilique du
Sacré-Cur de Nancy. Parmi ses uvres, on peut citer les vitraux ornant, au
cimetière de l'Est, l'imposante chapelle néo-gothique de pierre blanche renfermant le
tombeau de la famille Moitrier, notamment le vitrail représentant le célèbre
restaurateur messin Emile Moitrier, vitrail malheureusement disparu en 1995.
Mais sa santé dépérit, et Joseph Janin doit faire de fréquents
séjours dans les Vosges, dont l'air lui convient mieux. Il s'établit à Raon-l'Etape,
où il meurt le 24 octobre 1910. Il est inhumé à Woippy quelques jours plus tard.
En 1912, Georges Janin s'associe à Joseph Benoît, un ancien
collaborateur de son père, association qui dure jusqu'en 1921. Parmi les verrières
réalisées par Georges Janin, Le dieu Pan attirant les colombes, ornant le plafond de
l'ancienne salle de musique Jacquot, rue Gambetta à Nancy (1923), et en 1936 celles
décorant la chapelle du Rosaire à l'église Notre-Dame de Bar-le-Duc (notamment une
Présentation de la Vierge au temple) et l'église Saint-Martin d'Hayange. En 1926, Janin
restaure les vitraux de l'église de Mars-la-Tour détruits durant la Grande Guerre, et
réalise une Apparition du Sacré-Cur à la France en présence du maréchal Foch et
une Apparition de Jeanne d'Arc aux soldats.
Georges Janin meurt à Nancy le 7 juillet 1955.
(Pierre Brasme, La Moselle et ses artistes, éditions Serpenoise, Metz, 2002, pages 111-112)
Ernest Kempnich (1882-1978) |
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Né à Landroff, entre Morhange et Faulquemont, le 4 juillet 1882, d'un
père menuisier, Ernest Kempnich part travailler comme garçon jardinier chez un
horticulteur du Ban-Saint-Martin (1899), puis à Metz. En mai 1902, il trouve un nouvel
emploi à Nancy, et quelques mois plus tard part à Paris où il trouve une place de
jardinier à Boissy-Saint-Léger, au château du baron banquier Hottinguer. En avril 1905,
il se rend en Angleterre, où le président de la société d'horticulture de Londres lui
trouve en emploi à Hersham (Surrey) ; il travaille ensuite chez un grand horticulteur du
Middlesex, et y apprend les secrets de la culture sous serre.
Après un an passé en Angleterre, Ernest Kempnich regagne Metz, où il
loue, route de Lorry, un jardin qu'il cultivera jusqu'en 1911. La même année, il épouse
Marie Rose Leclaire. En 1908, il achète à Woippy, route de Thionville, à la Maison
Neuve, une maison construite en 1852 par un officier français. Il y construit lui-même
ses serres et débute son activité en 1911.
Après la guerre (il est démobilisé en avril 1917 après quelques
mois sur le front russe), il redémarre son activité d'horticulteur, et se spécialise
dans la production des cyclamens et des orchidées, et participe à de nombreuses
expositions, notamment en 1924 où il reçoit le Prix d'honneur du Président de la
République pour ses cyclamens. En 1931, il ouvre un magasin de fleurs à Metz, rue
Serpenoise, tandis que se développe l'activité de l'établissement de Woippy, " Au
Cyclamen ".
En 1941, malgré son âge, Ernest Kempnich devient membre d'une
filière d'évasion pour prisonniers français. Il emmène lui-même ses protégés par le
train à Nancy, tandis que d'autres sont cachés entre des sacs de ciment et emmenés en
France par un transporteur dont l'entreprise se trouve en face du Cyclamen. En 1942,
Kempnich est dénoncé comme bon français par son chef de culture, et convoqué par la
Gestapo. Libéré faute de preuves, il se réfugie à Strasbourg puis à Mulhouse, avant
de revenir à Woippy en 1943.
Le 27 mai 1944, au cours du bombardement de l'usine Hobus Werke par les
avions alliés, la propriété d'Ernest Kempnich est en grande partie détruite. Pris sous
les décombres mais indemne, il part s'installer à Metz, rue Serpenoise. C'est alors que
le chef des FFI de la Moselle, Alfred Krieger (alias le commandant Gregor) confie à
Ernest Kempnich un poste émetteur qu'il cache dans son appartement. Les Allemands
essaient de repérer l'appareil, mais Kempnich le cache sous des fleurs dans un cageot et
le transporte sur sa bicyclette chez un confrère horticulteur à Metz-Plantières.
La libération approchant, Ernest Kempnich est nommé par les FFI
adjoint au maire provisoire de Metz Edmond Moppert, et chargé de l'organisation des
services municipaux. Après la libération de Metz, il est élu adjoint au maire et le
restera jusqu'en 1953.
Dès 1946, l'action de Kempnich inspire à René Clément le célèbre
film " Le Père Tranquille ", popularisé par l'acteur Noël-Noël. Le 24 juin
1972, Ernest Kemnich, alors âgé de 90 ans, est l'invité d'Armand Jammot à l'émission
" Les Dossiers de l'écran ". Il meurt le 1er janvier 1978.
Ernest Kempnich devant sa propriété en ruines (mai 1944)
Henry de Ladonchamps (1883-1946) |
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Issu d'une illustre famille de magistrats au Parlement de Metz qui
acquit la seigneurie de Ladonchamps au XVIe siècle, le marquis Henry Joseph Lefèbvre
(déformation probable de Lefébure) de Ladonchamps est né à Châlons-sur-Marne le 31
mars 1883. Fils de René de Ladonchamps et de Marie Philomène de Ponsort, il embrasse,
ainsi que le veut la tradition familiale depuis la Révolution, la carrière des armes.
Capitaine d'infanterie comme son père, il participe à la guerre de 1914-1918, et combat
devant Verdun. Après la guerre, Henry de Ladonchamps démissionne de l'armée pour se
consacrer à la remise en état de sa propriété, où il s'intéresse de près à la
culture de la fraise, y expérimentant des variétés nouvelles, comme Belle de
Woippy.
Président du Syndicat des Producteurs de Fraises de 1927 à 1932, la
marquis de Ladonchamps oriente son action dans trois directions : l'union des producteurs
fruitiers de la Moselle, la qualité de la production, la diversification des débouchés.
En 1930 il crée l'Union des Syndicats des Producteurs de Fraises et autres Fruits de la
Moselle, dont il devient le président. En 1926, il a été l'un des fondateurs de la
Fête des Fraises, encore célébrée chaque année à Woippy bien que la culture de la
fraise y ait disparu. Depuis 1925 il est membre du conseil municipal de Woippy, et en 1935
est élu deuxième adjoint.
En 1940, comme des milliers de Mosellans, Henry de Ladonchamps est
expulsé, et séjourne successivement à Lyon et à Pau, où déjà la maladie le mine.
Lorsqu'il rentre à Woippy, c'est pour retrouver son château incendié et sa propriété
ravagée. Il fait encore quelques apparitions au conseil municipal et au Syndicat de
Woippy, avant de mourir à Metz le 2 novembre 1946, âgé de 63 ans.
Henry de Ladonchamps
Catherine Welfringer (1888-1961) |
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Le 31 mai 1974, sur proposition des propriétaires du lotissement du
Rucher, le conseil municipal de Woippy décide de donner à la rue desservant le groupe
d'habitations le nom de Catherine Welfringer, rendant ainsi hommage à une résistante et
déportée qui, avec sa fille Blanche, connut le sinistre camp de Ravensbrück.
Née le 11 décembre 1888 à Novéant-sur-Moselle, Catherine Rouchel
vient travailler très jeune à Metz dans un commerce de lingerie bonneterie sis rue du
Pontiffroy : apprentie, puis vendeuse et enfin première vendeuse, son honnêteté et son
travail lui permettent de succéder au propriétaire après son départ à la retraite. De
son mariage avec Adrien Welfringer, menuisier ébéniste (1912) naîtront trois enfants.
Après la mort de René Paquet, les Welfringer rachètent la propriété du Rucher et
viennent s'installer à Woippy.
Dès juin 1940, Catherine Welfringer adhère spontanément à un
réseau de résistance spécialisé dans l'évasion de jeunes Lorrains réfractaires, de
prisonniers français évadés et de Juifs, alors nombreux à Metz. Dénoncée, elle est
arrêtée en août 1943, et internée à la prison de femmes de Metz avec sa fille
Blanche, qui participait avec elle aux activités du réseau. Après plusieurs mois de
détention au secret, Catherine et Blanche Welfringer sont déportées à Ravensbrück ;
d'après le témoignage de ses anciennes compagnes de détention, la conduite de Catherine
fut admirable de solidarité et de charité.
En avril 1945, à la suite des démarches du comte Bernadotte de Suède
et de la Croix Rouge, l'Allemagne libère une partie des déportées de Ravensbrück, qui
sont évacuées vers la Suède. Dans un état désespéré, Catherine Welfringer et sa
fille sont sauvées et rapatriées en France au mois d'aoüt 1945. Mais l'état de santé
de la mère restera déficient : au début de 1961, sa santé s'altère et, après une
courte maladie, elle meurt le 27 mars.
Catherine et Blanche Welfringer après la guerre
(Pierre Brasme, Woippy de 1871 à nos jours, éditions Serpenoise, Metz, 1994, pages
257-258)
Paul Sechehaye (1893-1975) |
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Né le 20 juillet 1893 à Briey, Paul Sechehaye est le troisième fils
de Jules Ferdinand Sechehaye (voir ci-dessus) et de Louise Huet de Guerville, et le
petit-fils de Jean Nicolas Sechehaye, maire de Woippy de 1809 à 1811 et de 1836 à 1840.
Après de brillantes études à Nancy puis à Paris, il s'engage en 1912 au 28e régiment
de dragons à Sedan, et participe à la guerre de 1914-1918 comme maréchal des logis ;
blessé grièvement aux attaques de Champagne, sa conduite au feu lui vaut deux citations
à l'ordre de sa division, la médaille militaire et la croix de guerre. Démobilisé,
Paul Sechehaye est nommé attaché au secrétariat en chef de la sous-préfecture de
Metz-Campagne, poste qu'il occupe jusqu'en 1926.
L'année précédente, il a été élu conseiller municipal de Woippy.
Il est alors surtout connu pour son engagement et son rôle dans les sociétés de
préparation militaire ; pionnier du sport lorrain, il crée avec Robert Schuman et le
docteur Michaux l'Union Jeanne la Lorraine, dont il est président à vie. En 1922, il
fonde l'Escadron Jeanne la Lorraine, devenu par la suite l'Escadron de La Salle, société
d'équitation, d'éducation physique et de préparation militaire. Lieutenant de
louveterie de l'arrondissement de Metz-Campagne (fonction dont il était le plus fier),
Paul Sechehaye est en outre vice-président de la Fédération départementale des
Sociétés de Tir et de Préparation militaire de la Moselle, et président de plusieurs
sociétés woippyciennes, au premier rang desquelles la célèbre Union de Woippy, fondée
le 1er août 1925 et toujours existante.
Aux élections municipales 1931, Paul Sechehaye est élu maire de
Woippy, succédant à Alfred Mangenot, et réélu en mai 1935. Mobilisé en 1939, il
rejoint le général de La Porte du Theil, et nommé après l'armistice commissaire chef
de groupement des Chantiers de Jeunesse à Châtelguyon. De retour à Woippy, il est
réélu conseiller municipal puis maire de la commune à l'automne 1945. Sollicitant un
nouveau mandat deux ans plus tard, il est battu par Ferdinand Jungling.
Paul Sechehaye meurt le 13 janvier 1975 au château de Woippy, la vieille demeure
familiale acquise en 1791, et vendue en 1978.
Le conseil municipal de Woippy en 1935.
Paul Séchehaye est au premier rang au centre (pantalon clair)
Ferdinand Jungling (1901-1967) |
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Né à Woippy le 18 janvier 1901, Ferdinand Jungling est issu famille honorablement connue
- son père est menuisier- qui tient le café Bader-Jungling (actuellement restaurant Le
Tassili). Après ses études primaires à l'école du village, il entre chez les Frères
de Ecoles Chrétiennes à Metz. Il accomplit son service miltitaire au 26e régiment
d'infanterie de Nancy, et participe à l'occupation française de la Rhénanie, à
Mayence, en 1922. Il se marie le 21 avril 1925 avec Elvire Leroy, de Norroy-le-Veneur, qui
lui donnera cinq enfants. Comptable de profession, il est fondé de pouvoir à la
Solocomet de Maizières-lès-Metz.
Mobilisé en 1939 sur la Ligne Maginot avec le grade de sous-lieutenant, il est fait
prisonnier le 20 juin 1940 et emmené au camp de prisonniers de Sarrebourg, et y fait la
connaissance de Pierre Wolff, futur résistant et membre du Conseil de la Résistance en
Moselle. Il en est libéré le 13 juillet en tant qu'Alsacien-Lorrain, et rentre à
Woippy. Evacué avec sa famille le 4 septembre 1944, il s'installe, dans des conditions
précaires, à Montigny-lès-Metz, avant de rentrer quelques mois plus tard dans un
village sinistré.
A l'issue des élections municipales de 1947, Ferdinand Jungling, proche du RPF que vient
de fonder le général de Gaulle, est élu maire de Woippy, battant la liste conduite par
Paul Séchehaye. Il est réélu en 1953, mais décide de ne pas se représenter aux
élections de 1959. Directeur de l'Union des Coopératives Agricoles des Producteurs de
Fraises de Woippy et environs de 1951 à 1961, il décède le 1er décembre 1967.
Ferdinand Jungling