L'autocar nous a déposés au pied des remparts du château où notre guide nous attendait pour la journée. Après les présentations, nous sommes allés en haut des remparts où nous avions une magnifique vue sur Sarrebruck malgré le bruit des véhicules circulant sur la route et l'autoroute.
Du haut des remparts, notre guide M. Rolf WITTENBROCK, à l'aide d'un plan nous a présenté un historique de la ville de Sarrebruck. Ensuite nous nous sommes dirigés vers le château.
Historique du château
Friedrich Joachim Stengel naquit le 29 septembre 1694 dans la
ville allemande de Zerbst. Son penchant pour le dessin ayant été reconnu très tôt, sa mère le confia dès 1708 à un parent résidant à Berlin, où il fréquenta l'Académie des Beaux-Arts de 1709 à 1712.
En tant qu'architecte du Prince-Abbé, des travaux lui furent confiés au château ainsi qu'à l'orangerie. Ceci lui permit d'entrer en contact avec Maximilian von Welsch, ancien maître du baroque tardif francorhénan.
Les transformations entreprises au château d'Usingen, l'extension intérieure des parties du château Biebrich entamées par von Welsch et l'ajout de l'aile d'hiver permirent à Stengel de montrer une partie de ses talents à son nouvel employeur en 1733.
En tant que conseiller du Prince Wilhelm Heinrich de NassauUsingen, ayant repris la régence courant i741 des comtés de Sarrebruck, Ottweiler et (partiellement) Sarrewerden, Stengel découvrit Sarrebruck à partir de 1735. Un voyage en compagnie du Prince vers Paris et ses alentours en 1739 posèrent les jalons qui définiraient dorénavant les perspectives du régent quant à une coquette ville résidentielle. Stengel fournit les plans de ce projet et développa en conséquence une importante planification urbaine.
L'aspect de la ville fut accordé aux concepts traditionnels de l'époque en matière de géométrie et symétrie aussi bien au niveau des grandes places que de plusieurs axes de vue.
Lors de ses débuts à Sarrebruck, Stengel conçut en particulier le château, la rue Wilhelm Heinrich et son Eglise de la Paix ainsi que l'Ancienne Mairie. Il retourna brièvement à Zerbst et Gotha en 1750/1751 puis revint à Sarrebruck l'année suivante. Extension de la Mairie, Palais du Prince héritier, Eglise paroissiale catholique St. Jean, Eglise Louis, résidence secondaire d'Ottweiler témoignèrent de son zèle.
Stengel décéda le 10 janvier 1787 dans sa résidence de la rue Wilhelm Heinrich en tant que Directeur des constructions très honoré de la maison princière de Nassau-Sarrebruck. |
Lorsque
Stengel vint pour la première fois à Sarrebruck en 1735, un édifice de style Renaissance datant du début du XVIIème l'accueillit sur la Place du château (
Schlossplatz).
Les éléments défensifs repris partiellement d'une ancienne forteresse médiévale situés autour du bâtiment résidentiel se composaient alors des habituels fossés, tours, murailles et d'un pont. Les bastions sud-est et sud-ouest, casemates à deux étages, cachots et certaines caves étaient issus des années 1563-1569.
En janvier 1739, Stengel adressa au Prince Wilhelm Heinrich une demande gracieuse en six points concernant… « la construction d'un nouveau château pour Sarrebruck. Il s'agissait entre autres d'autoriser en deuxième lieu le comblement du fossé nécessaire à l'avant-cour, et troisièmement l'implantation à cet endroit de cachots surmontés de deux postes de garde ». Deux jours plus tard, Wilhelm Heinrich y apposa les mots suivants : « Nous considérons l'ensemble du plan établi comme convenable. »
Après ce bon repas, nous avons été dirigés vers Neue Bremm pour visiter le site du camp établi par les nazis durant la Seconde Guerre mondiale.
Le camp
Le camp de baraques de Neue Bremm, photographié de l'autre côté de la chaussée. Sans date, env. 1942-1944.
Le camp de la Gestapo de Neue Bremm se composait d'un camp d'hommes et d'un camp de femmes.
Tous deux étaient séparés par un chemin qui existe encore aujourd'hui, l'
Alstinger Weg.
Les baraques furent construites parallèlement à la double rangée de barbelés qui clôturait le camp ; postés dans un mirador équipé d'une mitrailleuse, les gardiens contrôlaient l'ensemble du terrain.
Outre les baraques des prisonniers, le camp des hommes abritait également les quartiers de l'administration. Le commandant du camp, l'
Untersturmführer SS (sous-lieutenant) Fritz Schmoll, y avait son bureau.
Au milieu de chacun des deux camps, il y avait un bassin initialement conçu comme réservoir d'eau pour incendies. Le bassin du camp des hommes se transforma en lieu de tortures et de meurtres des plus cruels :
« Toute la journée, de l'aube à la nuit, nous étions astreints à exécuter différentes gymnastiques jusqu'à ce que l'un d'entre nous meure d'épuisement. Nous devions courir autour d'un bassin, puis marcher à quatre pattes, puis ramper et marcher en canard, les mains derrière la nuque, toujours sous les coups. Et si notre mauvaise volonté faisait qu'aucun de nous ne succombait à ce rythme délirant, ils en prenaient un au hasard et le noyaient dans le bassin... » (
Bernard Cognet, né en 1922, détenu au camp du 21 mars au 10 avril 1944)
Les baraques fonctionnelles, qui longeaient l'ancienne Josef-Bürckel-Straße (l'actuelle
Metzer-Straße abritaient la cuisine, la salle d'eau et un « bureau des effets personnels » rassemblant tous les biens confisqués aux détenus. Dans la salle d'eau, on torturait les prisonniers sur le « chevalet » :
« Dans la salle de bain, il y avait une table sur laquelle on allongeait les prisonniers ; après les avoir immobilisés, on les battait à coups de bâton et de tuyau en caoutchouc, à tel point que la table était tachée de sang. »
(
Aveux d'Eduard Regulski, dit Molotow, lors du procès de Rastatt. Détenu « fonctionnel », il exécutait les peines prononcées par la direction du camp.)
Le camp des femmes avait été bâti selon le même schéma que celui des hommes. Une baraque atelier avait été construite à la place de la baraque administrative. Les détenues y étaient soumises au travail forcé.
CHRONOLOGIE DU CAMP
- 1940
Construction d’un camp pour prisonniers de guerre.
- 1943
Février : la police secrète d’Etat de Sarrebruck commence à utiliser les lieux comme « prison policière élargie » ; travaux d’extension du camp d’hommes.
Été : transports réguliers en provenance de France, d’où une moyenne de 400 à 500 détenus dans le camp des hommes.
Décembre : début de construction du camp des femmes
- 1944
Janvier : mise en service du camp des femmes pour une moyenne de 200 à 400 détenues.
Automne : adjonction d’un terrain comprenant une « morgue » (?) au camp des hommes et d’un « camp III » avec des salles d’interrogatoire au camp des femmes.
Décembre : le front se rapproche, dissolution du camp et évacuation à Heiligenwald.
Plan de construction du camp de la Gestapo de Neue Bremm, 1944.
I - Camp des hommes.1 : bassin, 2 : baraque administrative, 3 : entrée, 4 : baraque fonctionnelle, 5 : baraque de détenus, 6 : mirador, 7 : baraque de détenus, 8 : extension du camp des hommes, probablement avec une morgue.
II - Camp des femmes.9 : bassin, 10 : baraques des détenues et baraques ateliers.
III - Annexe.11 : salles sans doute réservées aux interrogatoires de la Gestapo. |
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