LA SHW - LES SORTIES

Sarrebruck
Samedi 1er juin 2019




L'autocar nous a déposés au pied des remparts du château où notre guide nous attendait pour la journée. Après les présentations, nous sommes allés en haut des remparts où nous avions une magnifique vue sur Sarrebruck malgré le bruit des véhicules circulant sur la route et l'autoroute.


Du haut des remparts, notre guide M. Rolf WITTENBROCK, à l'aide d'un plan nous a présenté un historique de la ville de Sarrebruck. Ensuite nous nous sommes dirigés vers le château.


  Historique du château  


Friedrich Joachim Stengel naquit le 29 septembre 1694 dans la ville allemande de Zerbst. Son penchant pour le dessin ayant été reconnu très tôt, sa mère le confia dès 1708 à un parent résidant à Berlin, où il fréquenta l'Académie des Beaux-Arts de 1709 à 1712.
En tant qu'architecte du Prince-Abbé, des travaux lui furent confiés au château ainsi qu'à l'orangerie. Ceci lui permit d'entrer en contact avec Maximilian von Welsch, ancien maître du baroque tardif francorhénan.
Les transformations entreprises au château d'Usingen, l'extension intérieure des parties du château Biebrich entamées par von Welsch et l'ajout de l'aile d'hiver permirent à Stengel de montrer une partie de ses talents à son nouvel employeur en 1733.
En tant que conseiller du Prince Wilhelm Heinrich de NassauUsingen, ayant repris la régence courant i741 des comtés de Sarrebruck, Ottweiler et (partiellement) Sarrewerden, Stengel découvrit Sarrebruck à partir de 1735. Un voyage en compagnie du Prince vers Paris et ses alentours en 1739 posèrent les jalons qui définiraient dorénavant les perspectives du régent quant à une coquette ville résidentielle. Stengel fournit les plans de ce projet et développa en conséquence une importante planification urbaine.
L'aspect de la ville fut accordé aux concepts traditionnels de l'époque en matière de géométrie et symétrie aussi bien au niveau des grandes places que de plusieurs axes de vue.
Lors de ses débuts à Sarrebruck, Stengel conçut en particulier le château, la rue Wilhelm Heinrich et son Eglise de la Paix ainsi que l'Ancienne Mairie. Il retourna brièvement à Zerbst et Gotha en 1750/1751 puis revint à Sarrebruck l'année suivante. Extension de la Mairie, Palais du Prince héritier, Eglise paroissiale catholique St. Jean, Eglise Louis, résidence secondaire d'Ottweiler témoignèrent de son zèle.
Stengel décéda le 10 janvier 1787 dans sa résidence de la rue Wilhelm Heinrich en tant que Directeur des constructions très honoré de la maison princière de Nassau-Sarrebruck.

    Lorsque Stengel vint pour la première fois à Sarrebruck en 1735, un édifice de style Renaissance datant du début du XVIIème l'accueillit sur la Place du château (Schlossplatz).
Les éléments défensifs repris partiellement d'une ancienne forteresse médiévale situés autour du bâtiment résidentiel se composaient alors des habituels fossés, tours, murailles et d'un pont. Les bastions sud-est et sud-ouest, casemates à deux étages, cachots et certaines caves étaient issus des années 1563-1569.
    En janvier 1739, Stengel adressa au Prince Wilhelm Heinrich une demande gracieuse en six points concernant… « la construction d'un nouveau château pour Sarrebruck. Il s'agissait entre autres d'autoriser en deuxième lieu le comblement du fossé nécessaire à l'avant-cour, et troisièmement l'implantation à cet endroit de cachots surmontés de deux postes de garde ». Deux jours plus tard, Wilhelm Heinrich y apposa les mots suivants : « Nous considérons l'ensemble du plan établi comme convenable. »

Pour info : Après plusieurs années de fouilles archéologiques, une importante partie des actuelles fortifications souterraines située quatorze mètres sous la Place du Château fut rendue accessible en janvier 2007. Le visiteur peut y découvrir une des deux tours-prison que Stengel fit aménager dans un fossé, surmontées de postes de garde baroques implantés à l'entrée de l'avant-cour. Une ouverture de forme carrée par laquelle les malfaiteurs étaient descendus est visible au plafond du cachot. Un des contreforts rattachés à la tour-prison relie celle-ci à l'imposant bastion sud-ouest doté de casemates. Les pièces de la forteresse utilisées jadis à des fins militaires sont munies de plafonds aux pierres apparentes, meurtrières et d'un escalier de liaison.
L'accès à ces vestiges s'effectue par le Musée Historique de la Sarre « Historisches Museum Saar. »

    Edifié en style baroque selon les plans de Stengel de 1738 à 1748 pour le compte du Prince Wilhelm Heinrich de Nassau-Sarrebruck (1718-1768) ; démolition préalable du château de type Renaissance construit de 1602 à 1677 ; ancienne forteresse médiévale ; destruction par incendie de l'aile nord du château baroque en 1793 durant la Révolution Française ; 1810 : transformation en « maisons mitoyennes populaires » avec abaissement général de la hauteur des étages d'environ un tiers ; renoncement au pavillon central ; 1872 : intégration d'un édifice central réduit ; 1944 : incendie dans la tête de l'aile nord (ancien siège de la Gestapo) ; à partir de 1965 importants problèmes de stabilité dans l'ensemble du bâtiment ; après de longues discussions quant à une reconstruction selon Stengel ou une restauration des bâtiments actuels, une décision fut prise en 1981 de renouveler complètement l'espace intérieur tout en conservant l'architecture externe, en plus d'un nouveau pavillon central et de combles aménagées (Prof. Gottfried Bôhm/Cologne) ; la cérémonie officielle eut lieu le 7 avril 1989.



Le nouveau pavillon central et une vue de son plafond


La place du Château


Cette place a pris le nom de Place du Mémorial invisible.
A partir de 1993, les 2146 pavés de l'allée du milieu ont été gravés sur le dessous du nom des anciens cimetières juifs allemands.


A la fin de la visite des lieux, une photo de groupe a été prise avant d'aller déambuler dans quelques rues commerçantes de la ville.
De retour au pied des remparts, l'autocar nous a conduits au restaurant "Tabaksmühle" où un bon repas a été servi.

Après ce bon repas, nous avons été dirigés vers Neue Bremm pour visiter le site du camp établi par les nazis durant la Seconde Guerre mondiale.
 

  Le camp  


Le camp de baraques de Neue Bremm, photographié de l'autre côté de la chaussée. Sans date, env. 1942-1944.


    Le camp de la Gestapo de Neue Bremm se composait d'un camp d'hommes et d'un camp de femmes.
Tous deux étaient séparés par un chemin qui existe encore aujourd'hui, l'Alstinger Weg.
Les baraques furent construites parallèlement à la double rangée de barbelés qui clôturait le camp ; postés dans un mirador équipé d'une mitrailleuse, les gardiens contrôlaient l'ensemble du terrain.
Outre les baraques des prisonniers, le camp des hommes abritait également les quartiers de l'administration. Le commandant du camp, l'Untersturmführer SS (sous-lieutenant) Fritz Schmoll, y avait son bureau.
Au milieu de chacun des deux camps, il y avait un bassin initialement conçu comme réservoir d'eau pour incendies. Le bassin du camp des hommes se transforma en lieu de tortures et de meurtres des plus cruels :
« Toute la journée, de l'aube à la nuit, nous étions astreints à exécuter différentes gymnastiques jusqu'à ce que l'un d'entre nous meure d'épuisement. Nous devions courir autour d'un bassin, puis marcher à quatre pattes, puis ramper et marcher en canard, les mains derrière la nuque, toujours sous les coups. Et si notre mauvaise volonté faisait qu'aucun de nous ne succombait à ce rythme délirant, ils en prenaient un au hasard et le noyaient dans le bassin... » (Bernard Cognet, né en 1922, détenu au camp du 21 mars au 10 avril 1944)
Les baraques fonctionnelles, qui longeaient l'ancienne Josef-Bürckel-Straße (l'actuelle Metzer-Straße abritaient la cuisine, la salle d'eau et un « bureau des effets personnels » rassemblant tous les biens confisqués aux détenus. Dans la salle d'eau, on torturait les prisonniers sur le « chevalet » :
« Dans la salle de bain, il y avait une table sur laquelle on allongeait les prisonniers ; après les avoir immobilisés, on les battait à coups de bâton et de tuyau en caoutchouc, à tel point que la table était tachée de sang. »
(Aveux d'Eduard Regulski, dit Molotow, lors du procès de Rastatt. Détenu « fonctionnel », il exécutait les peines prononcées par la direction du camp.)

    Le camp des femmes avait été bâti selon le même schéma que celui des hommes. Une baraque atelier avait été construite à la place de la baraque administrative. Les détenues y étaient soumises au travail forcé.

CHRONOLOGIE DU CAMP
- 1940
Construction d’un camp pour prisonniers de guerre.
- 1943
Février : la police secrète d’Etat de Sarrebruck commence à utiliser les lieux comme « prison policière élargie » ; travaux d’extension du camp d’hommes.
Été : transports réguliers en provenance de France, d’où une moyenne de 400 à 500 détenus dans le camp des hommes.
Décembre : début de construction du camp des femmes
- 1944
Janvier : mise en service du camp des femmes pour une moyenne de 200 à 400 détenues.
Automne : adjonction d’un terrain comprenant une « morgue » (?) au camp des hommes et d’un « camp III » avec des salles d’interrogatoire au camp des femmes.
Décembre : le front se rapproche, dissolution du camp et évacuation à Heiligenwald.

Plan de construction du camp de la Gestapo de Neue Bremm, 1944.

I - Camp des hommes.
1 : bassin, 2 : baraque administrative, 3 : entrée,
4 : baraque fonctionnelle, 5 : baraque de détenus,
6 : mirador, 7 : baraque de détenus, 8 : extension du camp des hommes, probablement avec une morgue.

II - Camp des femmes.
9 : bassin, 10 : baraques des détenues et baraques ateliers.

III - Annexe.
11 : salles sans doute réservées aux interrogatoires de la Gestapo.


IN MEMORIAM 1943-1945


Toutes les explications du camp

L'historique et les explications du camp nous ont été présentés par M. Rainer HUDEMANN, Professeur à l'Université de Sarrebruck.
M. Rolf WITTENBROCK était aussi parmi nous pour compléter ou préciser quelques points selon les questions posées.



Cette visite terminée, nous nous sommes rendus sur les hauteurs de Spicheren où eut lieu le 6 août 1870 une bataille lors de la guerre franco-allemande.
Au soir de cette bataille, on comptait environ 5 000 morts, blessés et disparus du côté allemand et environ 3 000 du côté français.


Cette Grande Croix a été érigée en 1934 par le Souvenir Français.
Erigée après la défaite allemande de 1918, elle n'a pas été détruite par l'occupant en 1940-1944 comme le furent d'autres monuments aux Morts.

Après cette dernière visite, retour vers Woippy.
Tous les participants étaient satisfaits de cette belle journée.



Sources pour ce compte-rendu : Imprimé "Promenade de Stengel" par Peter Gillo, Directeur du Regionalverband.
Sites Internet "Sarrebruck", 'Neue Bremm", "Spicheren".
Photographies : SHW.



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